Servir en portant
- Isabelle Halleux
- 9 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Il y a quelques années, dans mon métier connu aujourd'hui comme "difficile", "nécessaire" et "en pénurie", j'étais mise en difficulté fonctionnelle (pour ne pas dire que j'étais harcelée fonctionnellement) et j'ai voulu m'en aller. J'ai tout envisagé, postulé à gauche et à droite, même chez la concurrence 😱, mais "femme, la cinquantaine, cadre sup", ce n'était pas évident - ou cela faisait peur, allez savoir.
Je vous avoue je ne me voyais pas vraiment dans la peau d'une mère au foyer avec de grands ados... Mais il y a un projet dans lequel je me serais bien investie : développer une agence de randonnée pédestre en liberté, avec portage de bagages. Un vécu, apprécié 100 fois dans les escapades annuelles que j'aimais organiser dans des lieux plus magnifiques les uns que les autres et la certitude d'un potentiel de tourisme "nature" dans notre belle région. Je me voyais tracer les balades, négocier les logements, transporter les bagages d'étape en étape, ravitailler, intervenir en cas de besoin. Mais je n'ai pas osé faire le pas : pas envie de me faire chier avec des clients chiants, pas envie de me laisser humilier, écraser, moquer par des mâles alpha ou des poules de luxe et pas envie non plus de risquer un échec avec inévitablement des conséquences pour ma famille...
Je n'ai pas regretté mon choix de rester chez mon employeur. Les idées suicidaires m'ont quittées [1] et j'ai trouvé un équilibre et bien plus que ça, là où je ne l'imaginais pas : à la marge...
Aujourd'hui, le covid, l'intérêt croissant pour les séjours "chez nous", et certaines rencontres m'ont remis "l'agence" en tête. Je suis hélas à une époque de ma vie où je ne peux plus envisager de tester les chemins ou d'accompagner des randonneurs sur de longues distances répétées (blessure au tendon d'Achille), mais je peux organiser et servir ! Sans chercher à faire un métier. Offrir un service à des amis. Tout simplement par plaisir.
J'ai donc sauté sur l'occasion donnée d'accompagner un petit groupe d'amis sur le chemin de Saint Jacques (Via Arduinna), entre Hurtebise et Orval - 3 jours, 4 nuits. J'ai pris mon pied à chercher les points d'étape, à tracer et valider le meilleur chemin, à rédiger un petit descriptif, à prévoir les stratégies de repli ou de sauvetage, à imaginer comment chouchouter le groupe sans le perturber. Et bien sûr j'ai pris mon pied à mettre tout cela en oeuvre, en particulier en portant les bagages d'étape en étape.
J'ai rencontré des gens merveilleux, pélerins ou hôtes, dans un environnement magnifique et particulièrement ensoleillé et chaud en ce début mai. Sans problème. Sans recourir aux plans B ou catastrophe. J'ai juste été surprise par quelques petites difficultés d'organisation que je n'avais pas envisagées, résolues sans stress... Une expérience vraiment positive, pleine de respect et de fraternité.
J'avais envie de vous partager cela, avec quelques images des repérages effectués, des logements trouvés, de la nature environnante et surtout, surtout, de vous faire entendre l'hymne magnifique que m'a composé le groupe en fin de séjour. L'air ne me quitte plus ! Les paroles non plus !
C'est magique ! Merci la ribambelle ! A votre service !

[1] Je vous rassure, ma seule envie de suicide était la résignation car on sait bien que la résignation est un suicide au quotidien !
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