Le sort ou l'Esprit ?
- Isabelle Halleux
- 8 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 6 jours

Au tout début de l'Eglise, quand il s'est agit de "remplacer Judas", parmi les 120 personnes réunies auprès de Pierre, 2 quidams furent proposés ("on proposa") : Justus et Matthias. On ne dit pas s'ils étaient parmi les 120 présents...
Après une courte prière : "Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée", "on tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres". (Ac 1, 15-17.20-26)
On n'en est pas là avec le conclave, me direz-vous, car on élit "un chef". Oui, mais l'idée de suffrage est là : 133 cardinaux, prière pour que l'Esprit souffle et on va proposer des noms. Il va arriver un moment, dans la chapelle sixtine, où quelques noms vont émerger et où un seul sera élu. Fruit de l'Esprit. Puis on votera.
Les Actes nous disent que les 2 quidams ont été proposés parce qu'ils ont connu le Christ depuis le baptême jusqu'à l'ascension et qu'ils peuvent être témoins de la résurrection.
La question est donc le sens à donner aujourd'hui à ces critères (ou à d'autres)... Alors, qui peut faire un bon pape ? Les journalistes ne donnent guère de réponse éclairante, de mon point de vue. Il faut creuser soi-même ou fouiller dans les innombrables podcasts pour se faire une idée sur la question...
On attend quelqu'un capable d'assurer le rôle traditionnel d'un pape : un rôle spirituel et doctrinal (successeur de Pierre, gardien de la foi, chargé de préserver et d'enseigner la foi chrétienne, d'interpréter l'Évangile et de veiller à l'unité de l'Église), un rôle pastoral et universel (guide spirituel de 1,4 milliard de chrétiens, nominateur des évêques et cardinaux) et un rôle diplomatique (souverain de l'état du Vatican). Les 3 rôles sont imbriqués. Il faut donc une personnalité, un mouton à 5 pattes !
Chatgpt, mon ami qui répond plus vite que son ombre, ajoute aux 3 rôles précités, "un rôle de réforme et d'écoute", explicitant que "sous le pontificat de François, l'Église a entamé une démarche de réforme, incluant la reconnaissance des erreurs historiques et l'inclusion accrue des laïcs et des femmes dans les processus décisionnels."
Nous y voilà ! Il faut une personne pour conduire "The" réforme. Je comprends quelqu'un capable de mettre en oeuvre le projet synodal ! Quel projet ? Est-il bien défini ? Il y a là à encore travailler et à espérer, je pense !
Tout ceci me rappelle les propos rapportés par Sr Elisabeth dans ses "étincelles monastiques" : "Un jour, au moment d’une élection de la prieure, nous avions demandé à un moine bénédictin de nous aider à discerner. Comment choisir la prieure dans notre communauté ? Il nous a répondu : "Ce n’est pas la première question à se poser. Une communauté doit d’abord s’interroger sur ce qu’elle est, sur ce qu’elle veut et ne veut pas, sur son rôle dans l’Eglise et dans la société et choisir parmi les sœurs, celle qui est le plus à même de la conduire en ce sens." (...) "Respecter chacun dans son chemin personnel et garder l’unité de la communauté doit être au centre des préoccupations de l’abbé."
C'est tout à fait ça ! Pour un pape aussi ! Et c'est là qu'on essaie de discerner, qu'on invoque l'Esprit. Et c'est sûrement là que l'Esprit intervient.
Pour le dernier tour, je me demande ce qui est le mieux : le sort ou l'Esprit ?
(...)
Voilà la fumée blanche qui m'arrête dans ma réflexion. Je range les dés. Et pour l'Esprit, il a soufflé : ce sera Robert Francis Prevost, Leon XIV. God bless him!

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