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Et maintenant, que vais-je faire ? (Lc 16, 1-8)

  • Photo du rédacteur: Isabelle Halleux
    Isabelle Halleux
  • 5 nov. 2021
  • 3 min de lecture

Lecture du jour : (Rm 15, 14-21) - Ps 97 - (Lc 16, 1-8)

 

Et maintenant... © IHA, Torshavn, 2018
Et maintenant... © IHA, Torshavn, 2018

Au moment des fêtes d’automne, l’évangile nous interpelle sur le Royaume de Dieu. Nous l’avons entendu les derniers jours ;  nous entendrons ce matin encore une parabole, que Jésus adresse cette fois à ses disciples, et qui nous questionne : la parabole du gérant malhonnête, de l’intendant trompeur, du gestionnaire inique que le maître commence par licencier et qu’il finit par louer.

 

Méditation 


Il y a de quoi bondir en entendant cette parabole : un intendant malhonnête, une dénonciation, un licenciement immédiat, une magouille pour assurer ses vieux jours, avec des faux en écriture. Et voilà que le maître trouve ce malin digne d’admiration ! A n’y rien comprendre !

 

J’ai cherché ce que d’autres en disaient, mais le moins qu’on puisse dire, c’est que les huit premiers versets de Luc 16 n’ont pas fait couler beaucoup d’encre. Ils étaient déjà encombrants pour les Pères de l’Eglise à qui on demandait « Qui est qui ? » « Qui est l’intendant ? », « Qui est le maître ?» « Et le débiteur de l’huile ? » « Et le débiteur des sacs de farine ? ».


St Jérôme lui-même n’en a pas parlé, sinon à la demande expresse d’une amie. Et Cyrille d’Alexandrie, pour tempérer les ardeurs de certains qui se perdaient en conjecture, nous dit que « toutes les parties de la parabole ne se prêtent pas à une explication détaillée ». Je considère cela comme une invitation à relire …


Je suis étonnée par la formulation : le style n’est pas polémique, il n’y a pas de violence, pas de blessure décrite, pas de prise de position, pas d’invitation à l’indignation. Serait-ce un appel au calme, à la réflexion, à la prise de recul ?


Je relis encore. Je m’arrête aux versets 3 et 4. Le gérant se dit en lui-même : « Que vais-je faire ? », puis : « Je sais ce que je vais faire pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux ».


Un intendant, dans une période difficile, se demande donc ce qu’il va faire et se dit que, pour continuer d’exister, vu ses capacités limitées, il va se tourner vers les autres.


Il se dit en lui-même : « Que vais-je faire ? »


« Il se dit en lui-même »... En dedans de lui-même. Là au fond. Nous savons qu’on y fait des rencontres, au profond de nous-mêmes. Il ouvre son espace intérieur. Voilà bien une invitation qui retentit à chaque page de l’Evangile !


Il se dit en lui-même avec eux, leur fait confiance pour l’avenir. Il commence par leur remettre une partie de leurs dettes – celles sur lesquelles il a prise. L’air de rien, en leur remettant leur dette, il leur donne un avenir plus serein. Avec adresse et intelligence. Avec habileté.


On est bien loin de l’attitude de l’homme riche évoqué dans (Lc 12, 16-21), qui se demandait aussi « Que vais-je faire ? ». Il avait trop de récoltes, et il décide de construire des greniers plus grands pour jouir après de l’existence ... Et Dieu lui dit :  « Tu es fou ?! »


Que vais-je faire ? Changer de richesse ! Basculer de l’avoir qui isole à l’être qui rapproche. De l’avoir qui isole, à l’être qui rapproche. C’est ce renversement-là, bien sûr, qui est au cœur de cette parabole. C’est cette habileté que loue le maître !  Cette capacité humaine qui fait entrer en soi-même, au plus intime, pour changer de perspective, en s’en remettant aux autres et au tout Autre.  C’est changer de manière de vivre, rebondir sur ses erreurs et ses errances, pour transformer ses comportements égocentrés en comportements ouverts sur les autres.

 

Changer son cœur. N’est-ce pas là notre ultime vocation, l'engagement des engagements, l'habileté des habiletés ?  Tout le génie de l'Évangile n’est-il pas là ?

 

« Qu’allons-nous faire ? » 

Réfléchissons-y un peu « en dedans de nous-mêmes ».



Prière

Jésus, pour nous accueillir dans ton Royaume, tu nous as appris à nous tourner ensemble, avec les autres, vers le Père. Répands sur nous ton Esprit, que nous puissions avec Toi, reprendre cette prière que Tu nous as enseignée.



Oraison

Seigneur, donne-nous d’être chaque jour des fils et des filles de ce monde, des fils et filles de lumière : au-dedans de nous, avec Toi, et dans ces liens, dans ces attachements qui nous relient les uns aux autres. Conduis-nous sur le chemin de la bienveillance, de l’humanité dans laquelle le bien existe, de multiples façons, même si ce n’est que partiellement. Donne-nous de nous réjouir de Toi et des autres pour mieux accueillir ton royaume et œuvrer à son avènement.

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