¡Recuerde Guernica!
- Isabelle Halleux
- 31 août
- 2 min de lecture

En rangeant mes archives, je tombe sur des travaux réalisés lors de mon cursus de photographie en 2012.
On nous avait demandé de réaliser une oeuvre photographique originale rappelant un tableau de maître. Je me voyais mal mobiliser des amis, mettre en scène une séance champêtre ou un clair obscur, et passer plus de temps que je ne pouvais consacrer à essayer d'obtenir le résultat que je voulais...
Pourquoi avais-je choisi Guernica ? Mon premier jet du travail, en refaisant surface, me le rappelle... C'était pleine guerre de Gaza... J'avais repris des photos d'actualité correspondant aux attitudes de détresse, puis mis en scène. No more comment !

J'ai finalement préféré dire l'horreur autrement pour mon travail.

Comme Picasso, j'ai préféré le blanc et le noir. J'ai façonné les différents éléments : pâte à modeler pour les gens, en y laissant les empreintes de mes doigts, origami pour les animaux dressés, "pliés" par l'homme, et encre blanche pour souligner quelques lignes. Cela donne une universalité dépersonnalisée.
J'ai juste ajouté le rouge pour les flammes et les fleurs, couleur du sang, de la barbarie, mais aussi de l'engagement, de l'espérance. On en a bien besoin !
Quelques mois plus tard, je travaillais à Madrid (1). J'ai donc bien évidemment profité d'une demi-journée libre au retour pour visiter le musée Reine Sofia et voir le tableau en vrai. Guernica, quatre mètres sur huit, dans une salle blanche. Je n'oublierai jamais l'atmosphère grave qui y régnait. Des visiteurs, jeunes, vieux, locaux , touristes silencieux, recueillis comme dans un lieu saint...
Aujourd'hui "trône" dans mon living une broderie que j'ai rapportée du Nord Vietnam. Le vieil artisan a peut-être revisité Guernica, mémoire possible de son passé, brodé fil après fil... En tout cas j'y ai pensé.

Cela me touche à chaque fois que je la regarde, tant par l'impression de chaos qui en sort que par ses magnifiques couleurs. Elle semble me dire : Souviens-toi de Guernica !
(1) C'était en 2012, en pleine manifestation des indignés. Si ça vous dit, vous pouvez télécharger gratuitement mon petit reportage en mon ebook "Entre indignados y turistas"
