« En effet » (Ac 11, 21-26)
- Isabelle Halleux
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Lectures du jour (11/6/2025) : (Ac 11, 21b-26 ; 13, 1-3) – Ps 98 – (Mt 5, 17-19)
Pour un commentaire de l’Evangile du jour : « Rouler à 50 km/h »
Le passage des Actes des Apôtres de ce jour titre : « C’était un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi » (Ac 11, 24). On parle de Barnabé, celui que l'on fête aujourd’hui. Cela nous dit tout, ou beaucoup, sur cet homme en peu de mots. Et cela réveille en nous ce que nous venons de célébrer avec la fête de Pentecôte.
« C'était... »
« Un homme de bien… » Cela renvoie à la qualité humaine, à la droiture morale, à une bonté reconnue par les autres. On parle de quelqu’un de profondément bon, juste, honnête. Le genre de personnes qu’on croise parfois et avec lesquelles on se sent un peu « transformé ». Pas parce qu’elles ont dit des choses extraordinaires, mais parce qu’elles dégagent quelque chose de vrai, de lumineux. Des personnes qui ne cherchent pas à impressionner, mais à écouter, à servir, à comprendre. Des personnes dont la présence fait du bien.
« Rempli d’Esprit Saint … » La vie de Barnabé est animée, inspirée, traversée par Dieu lui-même. Ce n’est pas seulement un homme qui "fait le bien", mais quelqu’un dont les choix, les paroles, les gestes sont portés par une présence divine, par l’Esprit. On pourrait dire que c'est quelqu'un qui porte la sagesse, le discernement, la force intérieure, une paix, une joie calme, une liberté intérieure. Quelqu’un de profondément habité, quelqu'un qui vit vrai.
« Et de foi »… » Ce n’est donc pas juste une force intellectuelle ou culturelle. Il s’agit d’une personne dont la confiance est enracinée, vivante, en Dieu. Qui possède une foi qui habite, qui guide, qui ouvre; la foi qui fait vivre, qui éclaire et qui fait avancer.
Tel était Barnabé.
On pourrait paraphraser ce verset en disant : « C’était une personne bonne, profondément habitée par Dieu, et qui vivait avec une confiance authentique en Lui. » Et on pourrait penser à d'autres personnes qui lui ressemblent, des figures connues, des personnes de notre entourage… Des hommes et des femmes qui, à leur manière, laissent passer quelque chose de Dieu dans leur façon d’être, chacun à sa manière. On pourrait aussi penser à un modèle de ce que l’Église est appelée à être : humaine et bonne, habitée par l’Esprit, marchant dans la foi.
Mais dans ce verset 24, il y a deux petits mots qui changent tout : « en effet ». « C’était en effet un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi ». C’était assurément, effectivement, indéniablement, véritablement, un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi.
« En effet »… Dans « en effet », il y a « en » et il y a « effet ». L’adverbe est utilisé pour confirmer, pour justifier, pour motiver ce qui a été énoncé dans le verset précédent : « À son arrivée (à Antioche), voyant la grâce de Dieu à l’œuvre, il fut dans la joie. Il les exhortait tous à rester d’un cœur ferme attachés au Seigneur. » (Ac 11, 23)
Le verset 24 explique le verset 23, comme un effet. L'un est l'effet de l'autre. Ou l'un est le fruit de l'autre... C’est parce que Barnabé est un homme habité par la bonté, par l’Esprit et par la foi (v. 24), qu'il se réjouit sincèrement de voir la grâce de Dieu à l’œuvre chez les autres et qu’il les encourage avec autant de cœur et de justesse (v. 23).
Quelle disposition de cœur ! Quelle foi ! Quelle vie intérieure ouverte à l’Esprit ! Et quel regard ! Un regard qui fait place à la grâce chez les autres. Un regard qui donne confiance.
Colette Nys-Mazure, dans Célébration du quotidien, écrivait « J’aimerais tant qu’on m’offre ce regard qui dit : je vois ton désir d’avancer, même si c’est maladroit, même si ça hésite. »
Marion Muller-Collard, dans L’inquiétude de Dieu, confie : «Et c’est ce regard qui me remet debout. »
Ce regard-là existe ! Il vient d’un don. Un don que nous avons reçu ! Un don qui se cultive. Il a un nom : l'Esprit. Nous sommes tous capables d'avoir ce regard-là !
Et c'est cela la vraie Pentecôte : un nouveau regard sur la grâce, une foi assez profonde pour s’étonner encore, un Esprit assez libre pour reconnaître Dieu à l’œuvre… ailleurs.
Seigneur, apprends-moi à cultiver cette foi et cette ouverture à l’Esprit, pour reconnaître ta présence dans nos vies, dans celles des autres, dans nos communautés, et pour m’en réjouir pleinement. Amen.
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