
"C'en est fini de Satan". C’est le titre donné à l’Evangile du jour (Mc 3, 22-30) ce 27/1/2025 sur le site de l’AELF. Je vous avoue que quand on entre dans une session de réflexion sur l’extrême droite, comme je le fais en ce début de semaine, on ébauche un sourire amer… En est-ce vraiment fini ?! De Satan, de tous ces satans contemporains qui nous font grincer des dents ?
Que veut nous dire Jésus dans cet évangile ? C’en est fini de quoi ? De qui ? En quoi Jésus nous libère-t-il de Satan ?
Le passage précédent de l'évangile (Mc 3, 14-15) nous disait que Jésus institua les douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle avec le pouvoir d’expulser les démons.
Les pharisiens se demandent si Jésus, le chef de ces douze, n’est pas possédé par Belzébuth. Belzébuth, le dieu cananéen guérisseur qui chasse les démons. Un dieu païen, assimilé à Satan, prince des démons et chef de l’enfer, incarnant le mal absolu et la tentation. Belzébuth et Satan, deux images du mal personnifié, adversaires de Dieu et de tout ce qui est bon. Rouges, avec des cornes et une queue fourchue ! C’est sûrement par le prince des démons que Jésus expulse les démons…
Comment les pharisiens osent-ils dire cela de Jésus ? Parce qu’il a manqué aux règles de la loi juive (rappelez-vous que Marc en parle 5 fois au chapitre 2), parce qu’il guérit en expulsant les démons… ou parce qu’ils se sentent malmenés dans leur rôle, leur pouvoir, leurs certitudes ?
Et Jésus répond par une longue parabole exposant ce qui se passerait s’il était Satan chargé d’expulser les démons. Il ne resterait rien. Plus rien. Le vide. Le néant.
Dans une sorte de démonstration par l’absurde, Jésus démontre qu’il n’est pas un adversaire de Dieu ! Au contraire !
Adversaire… Satan en hébreu signifie adversaire. Diabolos en grec : celui qui divise, qui désunit. Pour les juifs, Satan tente les hommes et les pousse à s'écarter du chemin de Dieu. C’est important, cette conception juive de Satan !
Dans la réponse de Jésus le mot « divisé » est répété 3 fois - si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut tenir : c’en est fini de lui.
En chassant les démons, Jésus chasse ce qui divise. Il n’y a pas besoin de personnaliser le mal, de l’externaliser. Il y a un constat et un besoin d’action pour arrêter ce qui divise. Rendre la paix intérieure à l’homme, à la famille, au royaume.
En répondant que Satan ne peut chasser Satan, Jésus souligne l'importance de l'unité intérieure. Il invite aussi à reconnaître que nos difficultés ne viennent pas d'une force extérieure maléfique, mais plutôt de nos propres contradictions, de nos peurs, de nos jugements intérieurs qui nous empêchent d’avancer, qui créent une division profonde entre l’homme et Dieu, un refus obstiné de reconnaître la vérité, une fermeture délibérée de sa porte au pardon divin. C’est ce qu’on appelle le blasphème contre l’Esprit.
Au dire des pharisiens, Jésus serait Belzébuth, l’adversaire, celui qui s'oppose à Dieu et à son Royaume. Celui qui conduit au chaos, au néant. En refusant d'écouter Jésus en profondeur, en refusant de le connaître et de le comprendre, les pharisiens créent une division irréversible au sein de la communauté. Et on sait où cela a conduit…
Nous, nous pensons que les pharisiens se sont trompés en plaçant la loi en premier. Nous savons que l’Amour est premier, et que Jésus est l’Emmanuel, Dieu parmi nous, qui rassemble, qui unifie le royaume, la famille des chrétiens, et nos êtres tout entiers.
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